Le parcours de Sandrine Plancke, une femme dynamique, sincère et entière qui vit sa vie d’aventure en aventure, sans demi-mesure…
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Début de parcours à Comines, dans l’agglomération de Lille
Sandrine a vécu à Comines, commune frontalière à la Belgique, jusqu’à ses 23 ans.
« J’étais une enfant solitaire et assez timide, avec une scolarité pas forcément très simple. »
Fille unique, elle indique que cela a pu déterminer certains traits de son caractère :
« Je n’aime pas qu’on m’envahisse trop longtemps. J’ai besoin de retrouver mon espace, mes routines, ma solitude. »
Quand elle atteint ses 18 ans, ses parents déménagent dans un village rural de l’Ouest, pour des raisons professionnelles. Son père travaillait pour l’industrie du cuir ; le Maine-et-Loire était à l’époque une région de production de chaussures.
Sandrine ne les suit pas.
« À 18 ans, je ne me voyais pas quitter l’agglomération lilloise où il y avait du mouvement pour aller vivre dans un village de 1000 habitants. »
Elle s’installe avec son copain, et se retrouve à vivre déjà comme une adulte.
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Les premiers défis : de Marlboro au Club de Gym
Après son bac, elle intègre l’ISEG en BTS Force de vente, cursus qu’elle choisit de suivre en alternance, notamment pour des questions financières.
Avec une autre fille de sa promo, elle a « la chance d’être recrutée par une grosse entreprise américaine », chez Philip Morris qui distribuait la marque Marlboro.
« Nous étions deux jeunes filles dans un univers très masculin, très machiste, pour ne pas dire sexiste. »
L’expérience est difficile psychiquement et se termine par ce qu’on appellerait aujourd’hui un burn-out.
En dépression, Sandrine arrête son alternance et se réfugie dans le sport qu’elle pratique en salle.
Là, elle fait la connaissance d’une prof qui va marquer son parcours :
« Je peux dire qu’elle m’a sortie un peu de ma torpeur, de la dépression d’une jeune femme de 22 ans, par ce qu’elle représentait, par ce qu’elle rayonnait, par ce qu’elle impulsait comme élan, comme énergie… Elle animait les gens et elle emmenait les gens ! Moi, je la regardais, et je me disais : “waouh, j’aimerais être comme elle plus tard” ».
Souhaitant accompagner à la pratique sportive dans les centres, Sandrine s’inscrit au CREPS de Wattignies pour préparer un diplôme d’État d’éducatrice sportive.
« À l’époque, je ne savais pas si j’en ferai mon métier, mais je ne voulais pas regretter de ne pas l’avoir fait quand j’aurais 40 ans, parce que c’est ce qui me faisait kiffer. »
Voilà comment, en 6 mois de temps, Sandrine passe d’un environnement machiste, de salles de travail enfumées, de missions dans des bars à côtoyer des gens alcoolisés une bonne partie de la journée, au centre de formation des sportifs et sportives de la région Nord.
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Première aventure entrepreneuriale d’envergure
Elle suit le cursus du CREPS, de 23 à 25 ans.
Quelques années plus tard, après avoir fait ses premières armes en travaillant pour d’autres centres, avec son associé, Thomas, qui l’est aussi bien dans la vie personnelle que professionnelle, illes décident de se lancer pour créer « Le Club de Gym ».
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Elle a alors 30 ans ; il en a 25. Illes entament un parcours de création d’entreprise auprès de la Chambre de Commerce.
C’était un projet ambitieux qui consistait à réhabiliter un bâtiment de 700 m² dans la banlieue chic de Lille.
« J’ai passé 2 mois à peindre des parpaings sur un échafaudage ! » se souvient Sandrine.
L’ouverture se fait en septembre 2005.
Le Club se distingue par ses pratiques innovantes importées de Nouvelle-Zélande : « Les Mills ». Sandrine et Thomas s’y sont formées sur place, au cours de plusieurs voyages.
« Ce sont des concepts qui ont été inventés et créés par des sportifs de haut niveau, des gens qui avaient un lien avec le sport, la danse, la nutrition, l’entraînement, etc. Ils ont élaboré des programmes d’entraînements spécifiques, à la néo-zélandaise. C’était du costaud ! Cela a complètement révolutionné le côté Véronique et Davina de la gym des années 80… »
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Cinq ans après l’ouverture du club, en 2010, son associé, Thomas, avec qui elle est désormais séparée (dans la vie) souhaite vendre leur salle pour racheter un plus gros établissement, le Moving, situé dans la tour Euralille.
C’est un énorme enjeu financier.
À 35 ans, elle ne vit que pour son métier.
Elle le suit. Le pari est réussi !
« Quand tu es dans ce tourbillon, et qu’en plus tu as de gros enjeux financiers, tu ne t’économises pas. On s’est donné corps et âmes pour ce centre, 7 jours/7 pendant plusieurs années. »
La fatigue s’est installée.
« Les gens commencent à me saouler. Parce que même si tu fais de l’entraînement sportif, tu fais aussi beaucoup de social. Tu donnes, tu donnes, tu donnes… Et même si je recevais beaucoup, je n’en pouvais plus. J’étais rincée. »
Ce qui devait arriver arriva. Il suffit d’une incartade, une remarque désobligeante, pour que Sandrine « pète un plomb » et parte en claquant la porte.
« De mes 20 ans à mes 35 ans, je n’ai fait que travailler. J’adorais ce que je faisais, mais j’aurais dû me ménager davantage, faire des pauses, prendre quelques jours de vacances. C’est juste qu’à l’époque, on était moins que maintenant dans le prendre soin. On n’entendait pas ça. Il n’y avait pas non plus tous ces partages sur les réseaux. »
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De l'entrepreneuriat au contenu média
Entre-temps, Sandrine avait rencontré Pascal, son futur mari. Deux mois après avoir quitté le Club, elle tombe enceinte.
Malgré tout, arrêter cette activité a été pour elle « méga dur ». Elle adorait ce qu’elle faisait. Il fallait en faire le deuil et puis se « reprendre en main ».
« Je ne me voyais pas retourner travailler dans un centre. Avec l’expérience que j’avais vécue, pour moi c’était impossible. Je ne pouvais pas retourner à ce qui avait été mon point de départ. Moi, ce que j’aimais, c’était gérer un centre dans la globalité du projet, avec toutes les casquettes que tu peux avoir. »
C’est le côté « tout ou rien » de Sandrine qui admet elle-même ne pas savoir être dans la « demi-mesure ».
C’est un coup de pouce du destin, ou sa bonne étoile, qui par la bouche d’un ami l’informe au cours d’une simple conversation téléphonique informelle, qu’une agence de production audiovisuelle de sa connaissance recherche quelqu’un, sans qu’il sache pour quoi faire…
Qu’à cela ne tienne ! Sandrine appelle, et c’est comme cela qu’en septembre 2011, elle est embauchée comme cheffe de projet chez We Love Motion, une start-up hébergée à la Plaine Images sur Tourcoing.
« Je n’y connais rien, mais c’est une révélation ! J’apprends aux côtés des gens qui savent faire des images et les monter. »
Son boulot, si j’ai bien compris, c’est de faire en sorte de mener à bien les projets entre les attentes des client·es et la réalisation. C’est la grande époque du Motion Design et de la 3D.
Sandrine s’éclate dans son nouveau boulot, même si sa vie n’est pas simple, entre un travail où elle a tout à apprendre, deux enfants en bas âge et son conjoint qui passe beaucoup de temps à Paris !
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Quelques années plus tard, en 2016, la start-up est rachetée par une grosse agence de communication lilloise qui souhaitait ajouter leur expertise en réalisation de film à leurs services.
Les valeurs de l’entreprise sont complètement différentes :
« Là-bas, le client est vraiment roi, quitte à écraser les équipes. »
Toutes les personnes avec lesquelles elle travaillait partent les unes après les autres. Sandrine reste dans l’attente d’un poste promis qu’elle n’aura sans doute jamais.
Les bureaux sont éloignés, la vie devient compliquée d’un point de vue logistique.
Heureusement, dans l’un de ces rebondissements auxquels nous sommes habituées dans la vie de Sandrine, le leader du Studio images de Décathlon, client de We Love Motion avec qui elle travaillait, vient la chercher.
C’est comme cela qu’elle intègre, à l’été 2017, ce qui deviendra le « Pôle contenu » de l’enseigne nationale.
Leur mission : Accompagner les équipes des 70 sports dans leur communication pour garantir la qualité et la cohérence des contenus, tout en étant un centre de ressources et d’expertises dans les différents domaines de la com : rédactionnel, photographie, packshot, tutoriels…
La révélation du podcast
C’est la découverte, en 2018, du podcast emblématique Génération XX de Siham Jibril, dédié à l’entrepreneuriat féminin, qui convertit Sandrine à ce nouveau format :
« Je deviens accro. Les écouteurs ne quitteront plus mes oreilles. »
Sandrine cherche alors à convaincre la leader du Pôle contenu de Décathlon de l’intérêt d’investir dans ces nouveaux formats, que Décathlon a vraiment toute la légitimité pour prendre la parole sur des podcasts…
« Encore une fois, j’ai eu de la chance, elle venait d’avoir un budget pour tester des formats innovants ! »
Elle est missionnée sur 20% de son temps de travail pour « explorer le sujet » et dispose d’un budget.
Après s’est beaucoup questionnée, sachant que les podcasts de marque n’existaient pas encore vraiment, et avoir beaucoup « saoulé » ses collègues avec ses questions, elle commence par créer un premier podcast : les Histoires de Sportif·ves by Décathlon.
« Je voulais raconter des récits d’aventures de sportifs ordinaires qui vivent des histoires extraordinaires. En plus, chez Décathlon, il y en avait plein. Je trouvais ça cool de faire rêver les gens avec des histoires de sportifs ordinaires qui vivent des choses extraordinaires et qui en plus travaillent là où tu vas acheter tes produits. »
Puis, elle lance un second podcast un peu plus marketing, Les Conseils de Sportif·ves by Décathlon.
« Comme on était un peu pionnier dans l’histoire du podcast de marque, j’ai eu pas mal de sollicitations, et ça a rapidement fonctionné. »
Elle travaille désormais à temps plein sur ces missions.
Comme il y a avait des personnes leaders sur certaines expertises, Sandrine devenait celle du segment de l’audio.
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Quitter l’hyper-urbanité pour la ruralité
Depuis un moment, Sandrine et son mari songeaient à changer de région. La famille vivait alors dans une très belle maison bourgeoise un peu ancienne de Tourcoing, mais subissait les nuisances sonores et visuelles de cet urbanisme très densifié.
« On avait envie d’un environnement visuel plus joli et d’une qualité de vie plus douce ce que nous offrait l’hyper-urbanisme de la région de Lille. Ce n’est pas ce qu’on voulait pour nos enfants. »
En 2021, alors que son conjoint terminait un projet professionnel, le moment leur a semblé opportun. Sandrine en parle à sa leader qui est OK pour qu’elle assure ses missions en télétravail, d’autant que, du fait de la crise Covid, plusieurs de ses collègues travaillaient déjà sur ce modèle-là.
Leur choix s’était porté sur la Dordogne.
« Nous recherchions un territoire qui soit resté très authentique, pas une campagne urbanisée, et qui ne soit pas trop éloigné de chez mes parents. »
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Sandrine continuait de passer une semaine à Lille tous les mois pour travailler avec son équipe.
Cela a duré un an et demi avant qu’elle n’envisage d’arrêter pour plusieurs raisons :
Déjà, les Ressources humaines avaient reculé sur le télétravail, et sa situation devenait une exception.
« C’est une chose de travailler à distance quand tout le monde est dans son coin, mais quand tu es la seule à être décentralisée dans ton équipe, ça devient compliqué. »
Même en déployant tous les efforts possibles, Sandrine avait du mal à maintenir le lien.
« Quand je revenais, même si les gens étaient contents de me voir, j’avais l’impression d’arriver comme un cheveu sur la soupe. C’était bizarre comme situation. »
Et puis, cela ne facilitait pas son ancrage sur son nouveau territoire :
« Je n’étais plus ancrée à Lille, mais je n’étais pas ancrée ici non plus. »
Sandrine a cherché, sans succès, un poste qui lui conviendrait en interne dans l’un des magasins de la région avant d’envisager son départ.
Elle quittait finalement Décathlon en novembre 2022, ce qui a été très difficile pour elle, parce qu’elle aimait et aime toujours beaucoup cette entreprise.
Pour les mêmes raisons qu’elle n’avait pas voulu travailler pour d’autres salles de sports après avoir quitté le Club de Gym, Sandrine n’a pas souhaité continuer sa collaboration avec Décathlon en externalisation. Pourtant, sa leader lui avait proposé de garder la production des podcasts en freelance.
« Si tu veux, la demi-mesure, elle n’existe pas beaucoup avec moi. Les miettes, je n’en veux pas. Si c’est juste pour être un petit bout de la chaîne, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est la globalité du projet, de mener les choses de A à Z. »
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Entreprendre sur un territoire rural
Aujourd’hui, Sandrine fait feu de tout bois pour développer ses nouveaux projets en symbiose avec son nouveau territoire.
« Je voudrais vraiment mettre à contribution ce que je suis et ce que je sais faire au profit de tous ces projets et de tous ces profils un peu invisibles aujourd’hui dans la société. »
Cela passe par son activité professionnelle qu’elle développe dans 2 directions :
1° Accompagner et produire du podcast pour les entreprises, les territoires, les agences…
« Aujourd’hui, je peux répondre à tous les pans du podcast, que ce soit avant, pendant, après, et pour toute typologie de clientèle. »
2° Accompagner les indépendant·es du territoire sur leur stratégie de communication et supports de communication.
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Cela passe également par son implication comme nouvelle animatrice du café des entrepreneures pour lequel elle a récemment proposé une réflexion sur le thème de la communication en ruralité.
« C’est du temps bénévole, mais je le fais avec beaucoup d’engouement et de passion… »
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Les Nouvelles Filles de la Campagne
Quand j’ai connu Sandrine, elle avait envie de lancer un podcast personnel et cherchait un sujet.
« Ma première motivation était l’envie de refaire du podcast. Le faire de manière indépendante pouvait m’ouvrir à d’autres dimensions que celles que j’avais connues en le faisant pour une marque. Cela me demande autant de travail, mais avec plus de liberté. Mes contraintes sont celles que je me suis fixées. »
Le podcast devait être à la fois une clé d’entrée pour présenter son métier, lui offrir une certaine visibilité et l’aider à s’ancrer sur son territoire.
« L’appel à devenir maraîchère ou productrice de fromage de chèvre ne venait pas à moi. Je ne serai pas non plus thérapeute ou sophrologue. Je suis une communicante avant tout et j’aime ce que je fais. »
Et puis, quand Sandrine a commencé à parler de son projet de s’installer à la campagne, elle s’est heurtée à des remarques qui pouvaient s’avérer condescendantes, voire blessantes vis à des gens qui vivent en ruralité.
« Les gens devaient s’imaginer que j’allais me déplacer en calèche, aller laver mon linge à la rivière et que mes enfants ne seraient plus scolarisées ! »
Or, quand on vit cette transition de la ville à la campagne, que j’ai moi-même connu en 2013, alors que je quittais Paris, ce ne sont pas les doutes et préjugés des gens qu’on a besoin d’entendre, mais des encouragements.
« Quand tu fais cette transition, tu es toujours un peu en réflexion. Même aujourd’hui, après deux ans et demi, il y a des jours où j’ai des doutes ; il y a des jours où j’ai peur. »
En tout cas, ces réflexions lui ont donné envie de « bousculer les clichés et les préjugés que la société aime donner à la ruralité ».
C’est en voyant toutes les femmes vendant leurs produits sur le marché que lui ait venu l’idée :
« Je savais qu’elles avaient changé de territoire, parfois aussi changé de métier… C’est elles qui allaient répondre à mes questions, les Nouvelles filles de la campagne. Elles sont le nouveau visage de la ruralité. »
Une vocation à travers différents métiers
Fidèle à sa vocation révélée par sa prof de sport, à l’époque, sa mission reste d’animer et bousculer les gens, de les sortir de leur zone de confort.
« C’est passé par différents métiers, mais le fil conducteur est toujours le même. C’est pour ça sans doute que je ne suis pas dans la demi-mesure, parce que j’ai besoin d’emmener les troupes. »
Aujourd’hui, cela passe par démocratiser le format du podcast sur un territoire rural, donner de la visibilité à des gens et des projets qui en valent la peine.
« J’ai beaucoup de mal avec l’injustice. Quand je travaille sur ce podcast, c’est aussi pour ça : leur rendre justice en leur offrant de la visibilité. Je crois que tout est intimement lié. »
Et puis, on l’a compris, Sandrine est une femme de tempérament !
Elle vit ses projets à travers ses tripes, et use à foison de superlatifs pour parler des projets et des gens 😊
« Mon mari dit que tout est très exacerbé chez moi. Cette hypersensibilité qui me caractérise est encore intensifiée par les effets de la préménopause. »
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Elle est toujours prête pour de nouvelles aventures qui lui ouvrent de nouvelles perspectives.
C’est le cas avec le podcast des Nouvelles Filles de la Campagne, puisqu’aujourd’hui, on la contacte pour des projets de communication liés à la ruralité et à l’agriculture.
« Quand je l’ai lancé, je ne savais pas encore quelles portes cela allait m’ouvrir, mais je me disais que ça allait certainement m’ouvrir des portes business liées aussi à mes compétences et à ce que j’aime faire. Le nouveau chemin se dessine petit à petit, comme un puzzle. »
C’est comme le café des entrepreneures dont elle a décidé de reprendre l’animation suite à un post Facebook.
« J’avais envie de tester, j’ai animé mon premier atelier, il y avait du monde, je suis contente. À chaque fois, je me rends compte que ce sont ces nouvelles aventures qui m’apportent de nouvelles aventures… »
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Pour la suite, Sandrine reste optimiste et se fait confiance.
Et puis, s’il y a quelque chose qu’elle apprend de son nouveau territoire, c’est la lenteur…
« Je ne suis pas très patiente dans la vie. Ici, la lenteur est quand même très présente. L’agriculture se vit au rythme des saisons. Au début, ça m’énervait. Aujourd’hui, je pense que cette lenteur m’est bénéfique, mais je suis encore en apprentissage. (rires) »
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